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Cadre de vie

La 3e3 et l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian : étude des FTPF et MOI.

Un projet pluridisciplinaire en lien avec un évènement national : l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, accompagné de sa femme Mélinée.

Un projet annuel et pluridisciplinaire :

La classe de 3e3 s’est engagée depuis le début de l’année dans un projet pluridisciplinaire en lien avec l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, résistant membre des Francs Tireurs et Partisans de la Main d’œuvre Immigrée, accompagné de sa femme Mélinée prévue ce 21 février 2024. Pour la Première fois, la République célèbre la mémoire d’un étranger communiste ayant combattu au prix de sa vie pour la défense de la  liberté, de l’égalité et de la tolérance.

Ce projet réunit l’Education musicale (Mme Sabine Quideau), le Français (M. Fabien Ribéry) et l’Histoire-Géographie et EMC (Mme Marjorie Le Gall).

Etude de la vie et des engagements des Manouchian

En préambule à ce projet, la classe de 3e3 a étudié la vie et les engagements de Mélinée et de Missak Manouchian au XXème siècle depuis leur exil de l’empire ottoman en tant qu’orphelins apatrides, rescapés du génocide arménien à leur vie en France et à leur engagement dans la Résistance. Les élèves ont analysé l’Affiche rouge – affiche de propagande nazie cherchant à dénigrer, condamner l’action de ces résistants étrangers communistes et/ou juifs devenue pour une partie de la population française au contraire, une incitation à la résistance – et le poème Strophes pour se souvenir de Louis Aragon qu’ils ont mis en musique pour le chanter.

Vers un approfondissement des connaissances

De cette première étude, les élèves ont ensuite par groupes, approfondi leurs connaissances sur l’histoire et la fonction du Panthéon honorant les Grandes Femmes et les Grands Hommes de la République et ont sorti de l’ombre l’action d’autres Francs Tireurs Partisans : ceux  locaux, résistants à Brest et d’autres issus de la Main d’œuvre immigrée, dont les 22 autres formant le « groupe Manouchian » fusillés également le 21 février 1944 (exceptée Olga Bancic, décapitée car femme à Stuttgart le 10 mai 1944) et leur chef Joseph Epstein (fusillé le 11 avril 1944). Les noms de ces « Morts pour la France » feront également leur entrée symbolique au Panthéon car gravés sur le caveau des Manouchian.

Une étude qui a pris tout son sens lors de la journée du 13 février, journée de sortie mémorielle.

Point de départ de la journée du 13 février et du parcours mémoriel : la stèle du Jardin des Fusillés au Guelmeur à Brest, un objet de mémoire.

J-8 avant l’entrée au Panthéon des Manouchian, ce fut l’occasion de faire sortir de l’ombre d’autres résistants. Les élèves se sont ainsi rendus devant la stèle du Jardin des Fusillés rappelant le souvenir des 19 FTP brestois communistes, exécutés au Mont Valérien pour faits de résistance contre l’occupant nazi.  Face à cette « mémoire de pierre », il fut question de s’interroger sur ces objets de mémoire que nous pouvons parfois côtoyer sans les voir. Trois élèves – Achille S., Sofiane N. et Achille T. – ont lu la dernière lettre écrite par Albert Abalain, chef de ce groupe, avant d’être exécuté, livrant son engagement.

Matinée du 13 février : visite des Archives départementales de Quimper ; atelier de confrontation de sources ; rencontres avec des professionnels.

Dans le cadre du Parcours Mémoriel – Histoire de la Seconde Guerre mondiale – financé par le Département, la classe de 3e3 a pu se rendre aux Archives Départementales. Les élèves ont été accueillis avec prévenance par Laure Welschen et par Linda Petton, responsable de l’action culturelle et éducative des Archives et par Gildas Priol, auteur du site internet www.resistance-brest.net et président de l’association Brest 44, venu spécialement pour intervenir auprès des élèves. Divisée en deux groupes, la classe a effectué un riche parcours.

Un premier groupe a visité l’ensemble des locaux des Archives. Ce fut l’occasion  de définir les missions des archivistes de la collecte à la conservation des documents ; mais aussi, de s’interroger sur leur sélection au moment de leur arrivée aux Archives, sur leurs moyens de conservation et de leur accès. Quelques documents témoignant de la Résistance furent sortis de caissons et pour le plaisir des yeux, quelques distorsions furent permises, notamment celles d’identifier des documents plus anciens, jugés exceptionnels.

Le deuxième groupe a rencontré Gildas Priol venu avec de nombreux objets témoignant des réalités de la résistance et anecdotes permettant de donner corps à l’histoire de ces résistants en pays de Brest.  Ensuite, lors d’un atelier, les élèves ont découvert des documents des Archives sortis spécialement à leur attention, en lien avec leur projet annuel. Les élèves ont pu toucher des documents divers, déchiffrer les sources racontant l’engagement des 19 FTP commémorés au Jardin des Fusillés au Guelmeur, à Brest.

A l’heure du midi, les groupes ayant été inversés, les élèves ont pique-niqué au cœur des Archives.

Après-midi du 13 février : rencontre d’un passeur de mémoire, Georges Duffau –Epstein, fils de Joseph Epstein.

Georges Duffau –Epstein est le fils de Joseph Epstein, surnommé « Colonel Gilles » entre autres dans la Résistance française pendant la seconde guerre mondiale. Agé de 82 ans, Georges Duffau-Epstein a spécialement fait le déplacement jusqu’à notre bout du monde pour rencontrer les élèves à notre demande. Il a livré un témoignage solide de la vie de son père et de l’engagement des Francs Tireurs et Partisans de la Main d’œuvre Immigrée dont son père fut le chef de région parisienne.

L’enfance de Joseph Epstein

Georges Duffau-Epstein est revenu sur la vie de son père, né en 1911 en Pologne territoire alors de l’Empire russe, de famille juive dans un contexte d’antisémitisme. Joseph Epstein débute alors des études de droit à Varsovie tout en militant au sein du parti communiste polonais. Sa lutte contre la dictature de Pilsudski l’oblige à choisir entre rester en prison en Pologne ou s’exiler. Joseph Epstein choisit alors de quitter son pays pour finalement venir en France, pays qui l’attire par son histoire révolutionnaire. Il tombe amoureux d’une femme, Perle/Paula, elle aussi venue de Pologne, vivant en France pour échapper à l’antisémitisme l’empêchant de mener ses études de pharmacie. Il s’agit de la mère de Georges Duffau-Epstein.

Internationaliste et antifasciste, Joseph Epstein est un des premiers à gagner l’Espagne en 1936 pour s’engager aux côtés des Républicains contre Franco avant que les Brigades internationales existent. Il y apprend des méthodes de combat.

Joseph Epstein pendant la guerre

Une expérience qui lui sera utile au moment de la déclaration de guerre de septembre 1939 entre la France et l’Allemagne. Il souhaite s’engager alors dans la Légion française mais il est d’abord enrôlé dans un régiment polonais où l’antisémitisme sévit, avant de s’en faire démettre suite à la mobilisation qu’il organise lui donnant droit de gagner la Légion Etrangère.

Fait prisonnier en 1940, il réussit de s’évader d’un stalag en décembre 1940. Il rejoint alors la France occupée et ensuite la lutte armée au sein des Francs Tireurs et Partisans. Il innove dans l’organisation du réseau des FTP : groupant les résistants par quinzaine, il leur assure une efficacité redoutable et redoutée. Suite à l’attentat et assassinat de l’officier SS Julius Ritter, responsable en France du Service du travail obligatoire (STO), les Brigades spéciales – les forces de police françaises – organisent la filature de son réseau. C’est lors d’une rencontre avec Missak Manouchian que Joseph Epstein est reconnu résistant. Arrêté sous un faux nom, malgré la torture, il garde le silence : son haut poste et son identité ne sont pas dévoilés, protégeant ainsi les autres FTP. Il est ainsi fusillé sous un faux nom au Mont Valérien le 11 avril 1944.

Le message de Georges Duffau-Epstein aux élèves

Georges Duffau-Epstein qui sera présent à la cérémonie au Panthéon ce mardi 21 février 2024,  a demandé aux élèves de se rappeler l’héritage de la Résistance dans les valeurs que doit prôner la République française, l’importance de se positionner contre tout fascisme et s’opposer à tout racisme et défendre la liberté.

Un message qui a été bien reçu par les élèves. Pour le remercier de sa venue et intervention et remercier le service des Archives, les élèves ont chanté leur interprétation du poème de Louis Aragon, Strophes pour se souvenir.